À tout bout d’champ dans le Vercors
À tout bout d’champ ! c’est dans le Vercors jusqu’en novembre. Joignez-vous aux agriculteurs locaux pour des moments festifs, de rencontre et d’échanges dans la bonne humeur !
Visite de l’ESAT du Habert et de la ferme de Belle Chambre en Chartreuse (AURA), 2 structures médico-sociales qui font de l’activité agricole le levier central de leur accompagnement envers les personnes fragilisées.
Ce mardi 18 juin 2024, je retrouve Catherine, animatrice du réseau ASTRA (agriculture sociale et thérapeutique en AURA), une association partenaire que l’on ne présente plus et qui est à l’initiative de cette journée de rencontres, Jean Paul, son président, 4 porteuses de projets, dont 2 déjà en activité agricole, et un jeune accueilli sur une ferme et son tuteur, directeur d’une entreprise d’insertion.
Nous commençons par la visite de la ferme du Habert, un ESAT (établissement et service d’aide par le travail) perdu au milieu de la vallée des Entremonts, composé de 4 ateliers. Une ferme de 35 vaches tarines, une fromagerie, une auberge/restaurant et un atelier de prestations agricoles (débroussaillage, taille…). L’ESAT est partie intégrante d’un ensemble bien plus grand qui est l’association Espoir 73.
Cédric, responsable des activités, qui coordonne les 4 ateliers et qui était lui-même moniteur de l’atelier lait pendant 6 ans nous accueille à la ferme, collée à la fromagerie, où de nombreuses personnes s’affairent.
Un ESAT est une structure médico-sociale dont la vocation est de permettre aux personnes en situation de handicap d’avoir un travail qu’on dit « en milieu protégé », et de favoriser leur inclusion vers le milieu dit « ordinaire ». En moyenne, les personnes restent 3 à 4 ans au Habert, pour évoluer ensuite vers une entreprise intermédiaire, une entreprise classique, ou encore un autre ESAT. D’autres restent toute leur carrière.
Au Habert, les personnes accueillies ont des troubles psychiques, parfois dus à des accidents de vie (alcoolémie, drogue, accident de la route…) ou à une fragilité psychique particulière. Certaines personnes peuvent présenter aussi des troubles du spectre de l’autisme (TSA).
Elles bénéficient toutes d’un accompagnement personnalisé :
Ils sont 35 ETP à y travailler, et 30 personnes dans l’équipe encadrante (moniteurs d’ateliers, éducateurs, coordinateurs, responsable sécurité et qualité, secrétaire, équipe de direction…).
Cette ferme de moyenne montagne, construite en 1999, est l’initiative de Michel Wall, convaincu que l’activité de production agricole a des caractéristiques bénéfiques pour le public accueilli en ESAT.
Quelques exemples :
La ferme favorise le travail manuel.
Les vaches sont « entravées » 6 mois de l’année dans leur couchette dédiée, car la taille des bâtiments ne permet pas une stabulation assez grande pour envisager une libre circulation. C’est le cas de la plupart des fermes de montagne. Cette caractéristique permet une plus grande proximité avec l’animal, que les ouvriers apprécient pour la plupart. Parmi les tâches :
La ferme permet une montée en compétences sur des domaines variés grâce à différents aspects :
La complémentarité des ateliers :
Avec toutes ces activités, de nombreuses personnes peuvent y trouver leur compte et ne pas s’ennuyer ou au contraire trouver une routine rassurante.
Sur les contreforts du massif de la Chartreuse, à l’extrémité de la commune de Sainte Marie Dumont, la ferme de Belle Chambre accueille 30 personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA), et 45 personnes pour les accompagner dans leur quotidien, qui ne vivent pas forcément sur place.
Nous sommes reçus par la directrice, aussi éducatrice et fromagère, qui travaille là-bas depuis 35 ans. « Ici, la vie s’organise autour de la petite exploitation agricole de 10 vaches laitières, et aussi des poules, des lapins, des cochons et 2 ânesses. »
C’est impressionnant de voir comme la ferme a été pensée pour les personnes accueillies. Un gros travail a été fait pour adapter l’outil de production et les espaces aux troubles que présentent les personnes atteintes d’autisme (ne pas être surpris, ne pas se sentir coincé, avoir un fort besoin de sécurité…). L’autisme est une maladie du neuro-développement qui concerne 600 000 personnes en France.
Quelques exemples :
Un outil de production adapté.
Différents ateliers pour s’adapter à chacun.
Quelques problématiques avec lesquelles l’établissement doit composer :
Pour pallier au manque de liens et de dialogue entre professionnels des différents secteurs, la directrice nous dit : « on fait attention à réunir autour de la table tous les professionnels qui gravitent autour d’une personne, même si elles ne se croisent pas au quotidien, car on parle d’une seule et même personne. »
Comme dans le reste du monde agricole, les petits élevages comme Belle Chambre sont menacés par les normes européennes, pensées pour les grands élevages industriels, mais qui s’appliquent souvent aux petits, ce qui les obligent à fermer parfois.
Quelques projets :
Avoir une activité de production agricole est d’un grand intérêt dans l’accompagnement des personnes ayant des troubles psychiques, au Habert comme à Belle Chambre, elle permet de débloquer des situations insolubles. En effet, les animaux rythment la journée et évitent des discussions ou réflexions sans issues en ramenant à un principe de réalité. Aussi, le cadre et l’isolement aident au traitement de la maladie.
Découvrez le site d’ASTRA et toutes ses ressources pour mieux comprendre l’agriculture sociale et thérapeutique.