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On vous raconte le parcours d'un citoyen, fils de paysan·nes, qui s'est engagé dès les années 70 pour le maintien d'une agriculture paysanne de montagne, et qui a participé à la création du mouvement Accueil Paysan.
On ne le dit jamais assez, mais Accueil Paysan, ce n'est pas uniquement des paysan·nes et des accueillant·es qui s'engagent pour le maintien de l'agriculture paysanne, et qui militent pour un monde rural solidaire et vivant. Ce sont aussi des citoyen·nes, investis dans le réseau, qui oeuvrent avec nous et ce, dès l'origine et la construction du mouvement, comme Claude, dont on vous raconte ici l'histoire. Ces citoyen·nes constituent les Ami·es d'Accueil Paysan.
Si vous fréquentez les amis d’Accueil Paysan de l’Isère, vous avez peut-être croisé Claude Brand. Grand, mince avec une moustache digne du début du 20e siècle. Claude est un visionnaire, avide de savoir, et dans les années 70 il a été l'un des précurseurs de l’agriculture paysanne et d’Accueil Paysan.
Il quitte l’école à 14 ans pour aider ses parents à la ferme jusqu’à 20 ans, abandonnant son rêve d’étude. Cependant, Claude observateur de ce monde en pleine évolution, a bien conscience de certains mécanismes : les techniciens agricoles, entre autre, par leurs arguments de productivité, essayent d’embobiner les paysan·nes. En parallèle, il remarque le développement du tourisme dans les montagnes.
A 31 ans, il est recruté par Peuple et Culture, c’est le seul rural de l’équipe et comme projet il a carte blanche pour mener des études dans le secteur rural. L’objectif de Peuple et Culture est, à partir d’actions concrètes, de développer une réflexion ouverte sur la société, intégrant des jeunes travailleurs, des créateurs artistiques, des personnes immigrés, etc., dans un debat ville - campagne. Ce projet est aussi une réflexion pour sauvegarder un monde rural en train de se faire aspirer par la productivité, entre exode rurale et remembrement. Il va donc être l’interface entre chercheur·euses et paysan·nes. Une opportunité pour ce jeune homme, qui n’avait pas fait d’étude, de mener un projet avec des scientifiques.
Cette équipe hétéroclite est rapidement devenue une bande de copain·ines. Ils ont cheminé les montagnes à la rencontre de paysan·nes les aidant à trouver des solutions … à l’aide de réflexions entre chercheur·euses et paysan·nes. Le groupe de travail se constitue petit à petit avec des réunions dans les fermes, autour d’un repas partagé. La visite de l’exploitation permet de découvrir son modèle économique, ses choix et les orientations prises, les difficultés affrontées, et les projets . Parmi les agriculteur·ices les plus engagés, on peut citer : Christian Gaude , Jean Claude Gillet Revol, Monique et Marcel Ferrier Tarrin, Francoise Talleux, Louis Jallifier, Félix et Eliane Genève, Brun, Noel et Andrée Bellut, Paul Billon Grand , Marcel Besson….
Imaginez-vous ce jeune homme de 31 ans, rêvant de savoir, travaillant avec des chercheur·ses, pour trouver des perspectives d'évolutions aux travailleur·euses de la terre, identique à sa famille, paysans de père en fils.
Alors que les responsables agricoles prônaient la fin de l’agriculture de montagne, apparaissent dans tous les massifs de montagne, des paysan·nes qui refusent cette fatalité et adoptent d’autres stratégies : valorisation, transformation et vente directe des produits de la ferme, fabrication de matériel agricole adapté aux pentes (voir la photo du Yéti ci-dessous), faible recours à l’emprunt, accueil, énergies nouvelles, semences à conserver, pour ne citer que ces idées.
Pour maintenir l'agriculture de montagne, les paysan·nes alpins fabriquent du matériel agricole adapté aux pentes, comme le Yéti
Ce travail a pu se réaliser au départ grâce à la forte implication de chercheur·ses, tout particulièrement de Grenoble : Françoise Gerbaux et Pierre Muller de l'institut d'Etude politique, François Pernet et Valcheskini de l'IREP, et plus tard Gilles Allaire de l'université de Toulouse. Leurs apports ont permis de structurer la réflexion, d'apporter des études et analyses qui n'étaient pas connues, ni exploitées, en dehors des milieux de la recherche.
En 1979 se crée une première association : le CEP Comité d’Etude et de Proposition. Ainsi, au travers de différentes commissions, ils réfléchissent à des solutions pour que les paysan·nes continuent de travailler sur leurs terres, dans leur ferme. Accueil Paysan est une de ces solutions et l’association sera créée en 1987. Il y a aussi différents ateliers : un atelier de découpe, un travail sur les semences, le tout fédéré par Peuple et Culture. Cela a pris 10 ans mais il était important de fixer le schéma global. Au moment des Etats Généraux Agricoles, il était primordial de monter un canal bis pour continuer dans les autres régions de montagne ce qui a produit un manifeste « Campagne et société ». Des responsables associatifs, porteurs de projets, ont été partants dès le début du travail, notamment Jean Paul Biessy instituteur-animateur, accueil saisonnier en Matheysine de classes d'un quartier populaire de la Villeneuve de Grenoble, et d'autres : Lecampion, salarié au Comité d'Expansion Economique de l'Isère. Cette démarche recherche-action était innovante à l'époque. Qu'en reste-t-il aujourd’hui ?
Le secteur des Alpes n’a pas été le seul groupe il y en a eu un dans les Pyrénées, en Bretagne et à Toulouse. C’est un foisonnement d’idées. Quelques années plus tard, Claude réalise son rêve d’Université, sans avoir connu collège, lycée , baccalauréat. Sur la base de ses travaux écrits le président de l’université de Grenoble lui accorde l’équivalence d’une maitrise, ce qui lui permet, a 40 ans, de rentrer à l’université pour faire un DESS (diplôme d'études supérieures spécialisées) à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine, et signe une convention avec la MNEI ( La Maison de la Nature et de l'Environnement de l'Isère) où il continue ses recherches sur les questions économiques et politiques du monde rural. La création en 2002 de l'association des Amis de l’accueil paysan est l'occasion de pérenniser un lieu permanent de rencontres urbains-ruraux pour des solidarités économiques et sociales, des échanges, de la création culturelle et le refus de toutes les formes d'exclusions sociales. Mais aussi pour soutenir le mouvement Accueil Paysan, en difficulté à l'époque.
Claude peut être fier d’avoir contribué à la naissance et au développement du réseau Accueil Paysan, qui a sa place parmi d’autres mouvements progressistes. " Accueil paysan, mais pas que" définit bien le pourquoi des adhérent·es dans un projet politique qui va au-delà de la dimension d'accueil. La grande diversité de stratégies économiques prouve que des solutions viables existent, mixant la découverte du monde agricole et rural pour certain·es, l'appréciation de produits issus de la ferme bons pour la santé et respectueux de l'environnement pour d'autres. Pour diverses raisons Claude réduit aujourd'hui ses activités et se retire de la commission éthique d’accueil Paysan. Soit rassuré cher Claude nous continuons ce travail avec l'ensemble des membres du réseau, adhérent·es, salarié·es, et bien sûr les citoyen·es, nos "Ami·es d'Accueil paysan". Le projet Decloisonnons, qui ressemble étrangement à ce travail des années 70, permet de faire perdurer et prospérer cet investissement citoyen pour construire, défendre et promouvoir une agriculture paysanne et un monde rural diversifié, solidaire, écologique et vivant ! Bonne continuation et MERCI de tout ce que tu as fait et de ton investissement.
Si comme Claude, vous voulez vous investir avec Accueil Paysan pour le maintien d'une agriculture paysanne et d'un monde rural vivant, vous êtes les bienvenu·es au sein des Ami·es d'Accueil Paysan :
Autrice de cet article...
Accueil Paysan est un réseau associatif, les adhérent·es se mobilisent pour écrire les articles de la rubrique actus. Ainsi, cet article a été rédigé par...
Edith Beauvais, adhérente de la Gare de Tourneuve à Allons dans le Lot-et-Garonne.