
Auprès de ses partenaires, Accueil Paysan s'engage contre la destruction du foncier agricole en Isère.
La FNAP et AP AURA se sont associées à la lettre ouverte ci-dessous, portée par l'Atelier Paysan, contre l'extension de Soitec (entreprise industrielle française qui conçoit et produit des matériaux semi-conducteurs, basée à Bernin à côté de Grenoble) appelant à se positionner ouvertement et publiquement pour la défense des terres agricoles.
Mesdames les élues, Messieurs les élus,
Y aurait-il toujours une "bonne raison" pour détruire du foncier agricole ? Nos organisations se le demandent, au vu des démarches administratives engagées pour étendre une industrie sur 11,2 hectares du Grésivaudan. Un projet de « déclaration d’utilité publique » au détriment de certaines des meilleures terres agricoles de la vallée.
Vous pourrez nous objecter, peut-être, que le projet d’agrandissement de la zone d’activité économique (ZAE) du parc des Fontaines à Bernin relève d’un « projet de rang national européen », sur lequel vous n’avez pas prise et qui justifie aux yeux de l’État de déroger à son engagement général de ne plus artificialiser de terrains (loi dite « Zéro artificialisation nette »). Ou encore, plus cyniquement, que 11 hectares sont finalement assez peu à l’échelle de la vallée du Grésivaudan, de la grande région grenobloise ou du département. Nous pensons, pour notre part, que les élus locaux que vous êtes devraient être vent debout contre cette nouvelle décision d’artificialisation de terres agricoles. Il s’agit, rien de moins, de la capacité future à nourrir le territoire et à y maintenir une activité économique héritière de l’histoire locale et garante de notre cadre de vie. A fortiori quand cette artificialisation se décide au nom d’une ambition industrielle dont la faisabilité à court terme semble compromise, puisque l’entreprise Soitec a ajourné son projet d’extension.
Nos organisations, ancrées dans ce territoire, pensent comme vous que « des entités agricoles suffisamment vastes doivent être préservées pour y développer une agriculture extensive locale et pour préserver la fonctionnalité des espaces économiquement compétitifs pour une agriculture confrontée à une concurrence européenne et mondiale. » Cette phrase n’est en effet pas de nous. Elle est tirée du Projet d’aménagement et de développement durables du Schéma de cohérence territoriale (PADD du SCoT, p.37) validé par votre institution il y a dix ans. Aussi sommes-nous convaincus que, comme le rappelle votre Document d’orientation et d’objectifs (p.100), « les collectivités locales doivent veiller à préserver l’ensemble des espaces naturels, agricoles et forestiers » identifiés lors de votre cartographie des zones à enjeux. Et vous n’ignorez pas que, bien que leur délimitation sur cette carte soit grossière, les terres agricoles du cône du Manival, dont il est question, font partie de ces sites à enjeux.
Aujourd’hui, nous vous appelons à vous positionner ouvertement et publiquement pour la défense des terres agricoles du territoire : celle-ci ne saurait être brandie comme une posture générale qu’on détricote à l’envi, selon les circonstances. Puisque l’État prépare une Déclaration d’utilité publique pour transformer ces 11 hectares en éventuelle usine future, nous attendons que vous vous exprimiez pour le maintien de leur vocation agricole, sans ambiguïté. L’agriculture ne peut pas être la cinquième roue de notre carrosse territorial, qu’on valorise et célèbre seulement là où les autres activités ne cherchent pas à se développer. La préservation de ces champs en zone de plaine – un trésor agricole, dans un territoire de montagne comme le nôtre – a désormais valeur de test.
Signataires
Quatre structures départementales ou régionales : ADDEAR 38, Alliance PEC 38, Association locale Accueil Paysan AURA, Confédération Paysanne 38
Deux structures nationales ayant leur siège dans la "Grande Région de Grenoble" couverte par le SCoT : Atelier Paysan, Fédération Nationale Accueil Paysan